top of page

A la découverte du Cap Breton (Nouvelle-Écosse), entre nature et culture !

     J’ÉTAIS VENUE Y PASSER CINQ JOURS : j’entame mon 6e mois à Chéticamp. Un quart de PVT passé dans ce village perdu de Nouvelle-Écosse ! C’est incroyable comme le temps est passé vite.

 

     Pour la première fois de ma vie, j’ai expérimenté, vu et vécu - de l’intérieur - un hiver canadien. Un hiver canadien qui m’aura fait connaître le vrai sens du mot « neige » dans tout ce qu’il a de beau et de... pénible.

 

La vie à Montréal

Page Tourisme : que voir cet été au Cap Breton ?

 

           Allez, fermons les yeux, imaginons-nous en été et ouvrons une page « Tourisme ». Si vous comptez visiter le Cap Breton pendant les beaux jours (très bon choix !), voici mes suggestions :

         Le parc des Hautes-Terres du Cap-Breton, bien sûr. Des belvédères (trop peu à mon goût !) ponctuent le Cabot Trail. Pour les marcheurs, la Skyline est une randonnée incontournable, sans grande difficulté. J’ai beaucoup aimé le « ruisseau Macintosh » et « La tourbière » pour l’atmosphère qui s’y dégageait (et c’est court et c’est plat). En suivant le Cabot Trail vers l’Est, mayday mayday, notez bien ceci : juste après South Harbour, une fois arrivé au pont indiquant « Effies Brook », empruntez ABSOLUMENT sur la gauche l’Alternative Scenic Road (un panneau vous l’indique), appelée aussi « Coastal Loop ». Ce n’est pas un conseil, c’est un ordre ! Vous longerez la mer (alors que le Cabot Trail, lui, s’enfonce dans les terres) et aurez une vue splendide sur la baie d’Aspy. Passez par Smelt Brook, visitez White Point, petit village de pêcheurs du bout du monde où la couleur de l’eau rappelle celle des Caraïbes, traversez New Haven et retrouvez le Cabot Trail à Neil’s Harbour. Dépaysement garanti, mirettes remplies. Poursuivez vers Ingonish en faisant attention toutefois à l’état de la route : la chaussée est parfois un peu trop creusée par les roues des voitures, ce qui crée un effet « bombé » au milieu : de quoi taper par en-dessous si votre véhicule est bas ! C’est sournois car ça se distingue mal !

      Bien sûr, il y a « Meat Cove », minuscule village présenté comme étant le point le plus au nord de la Nouvelle-Ecosse (mais chut, en fait, ce n’est pas vrai, à peu de choses près). Qu’importe, c’est un bout du monde qui vaut le détour, à condition qu’il n’ait pas plu la veille, auquel cas vous risquez de vous embourber à certains passages. Les falaises plongent à pic dans la mer... Attention toutefois aux distances et aux durées de trajet !

 

       Inverness et sa merveilleuse plage de sable... (enneigée pour moi !)

 

       Last but not least, Chéticamp, le point de chute idéal situé à la porte Ouest du parc des Hautes-Terres. On trouve tout sur la route principale : motels, bars, essence, bouffe, garage, banque, hôpital... En prenant la « back road » (route parallèle à la principale), vous verrez à un moment donné le départ d’une petite randonnée qui conduit à l’ancienne mine de plâtre de Chéticamp, transformée maintenant en lac cerné de montagnes ! L’été au village, la musique est partout : filez à la taverne « Le Doryman », au bar « Le Gabriel » ou sur les quais du havre et enjoyez-vous, comme ils disent !

Certes, étant là l’hiver, je n’ai malheureusement pas pu voir tout cela. Combien de fois m’a-t-on conseillé de rester là pour l’été, tant tout est différent... Oui, sans doute... Mais la route m’appelle ailleurs... Mais il y a un « mais » : en étant à Chéticamp à cette époque-ci de l’année, j’ai assisté à un événement qui reste(ra) sans nul doute l’un de mes meilleurs moments de mon PVT. J’ai nommé... la « Mi-Carême ». Je vous en parle ici.

         Je regarde par la fenêtre de mon salon. Dehors, on pourrait croire à une publicité pour une lessive : tout est plus blanc que blanc. Le printemps est officiellement arrivé sur les calendriers mais il est encore tombé, il y a peu, 50 cm de neige en une nuit. Résultat : je suis restée bloquée trois jours chez moi, sur l’île de Chéticamp. Le chemin de terre qui relie ma maison à la route était beaucoup trop enneigé pour qu’un truck même muni d’une plow (merde, je me mets à parler comme eux : « ... pour qu’une grosse voiture munie d’une sorte de grosse pelle à l’avant ») puisse passer. Tous ceux qui possédaient un backhoe (tractopelle) à Chéticamp étaient sursollicités. J’ai dû attendre trois jours que l’un d’entre eux ait le temps de venir déneiger mon chemin.

Les folles journées d’un hiver canadien

        

        Ça, c’est donc pour le côté pénible. Vous en voulez d’autres ? J’en ai plein en stock, haha ! Allez, je vous en raconte deux seulement.

         La première : quand une tempête de neige et de vent s’abat sur Chéticamp un beau matin. Mon chemin de terre commence sérieusement à se remplir de neige. Un ami arrive avec son truck équipé pour venir gentiment déneiger chez moi. Quelques minutes plus tard, le truck ne bouge plus : il est pris. J’interromps mon petit-déjeuner pour aller déneiger le déneigeur : un comble. Première étape ? Réussir à sortir de chez moi et mettre un pied dehors : ma porte d’entrée est bloquée par 1,50 mètre de neige et un vent violent. Après dix bonnes minutes, encore en pyjama, je marche avec une pelle jusqu’au truck en m’enfonçant - sans exagérer - jusqu’à mi-cuisses, le tout par des rafales glaciales soufflant à 120 km/h. Rien à faire, le truck est trop « pris » dans la neige ; pas de 50-50 possible, il faut faire appel à un ami.

          Une fois le truck dégagé, le déneigeur m’emmène faire des courses au village, car Jonathan (mon minivan) ne peut toujours pas franchir mon chemin impraticable. Sur le trajet, la visibilité frise parfois le zéro absolu : des « squalls » (des bourrasques de neige subites et imprévisibles) nous obligent souvent à nous arrêter net, au milieu de la route. Une voiture gît dans le bas-côté. Rien de grave. On s’arrête, comme beaucoup d’autres automobilistes passant par là. Une dizaine de personnes se retrouve à pousser, tirer, pelleter, tracter... et la voiture finir par sortir de son piège. Le conducteur tout content salue ses sauveurs et s’en va... sauf qu’au moment de repartir, c’est au tour de la voiture d’un sauveur d’être prise à son tour. Rebelote. Après mes courses, le déneigeur me dépose au pied de mon chemin. Je dois donc remonter ce foutu chemin impraticable, en m’enfonçant toujours à mi-cuisses, en portant mon carton de courses, le tout par un vent glacial soufflant de la neige qui me poignarde le visage. J’ai fini à quatre pattes sur les congères, en poussant mon carton. Quelle journée.

        De beau, d’abord. C’est sûr que cet immense tapis blanc qui déroule ses flocons à l’infini sur les montagnes du parc des Hautes-Terres du Cap Breton est merveilleux à voir. Il m’est arrivé de randonner ou de rouler sur le Cabot Trail (cette route mythique qui fait le tour du parc) par un grand ciel bleu et du soleil, alors que la neige recouvrait tout - sapins, cimetières, toits des maisons, panneaux de signalisation... C’était somptueux. En contrebas, des blocs de glace dérivaient dans la mer. Le coucher de soleil qui se reflétait sur la neige dorée était époustouflant de beauté ce soir-là. Et avec partout des sapins couverts de neige, c’est ambiance Noël six mois de l’année. Ça, c’est pour le côté beau.

               La deuxième anecdote se passe chez moi. Avec ce temps froid et humide, j’attrape une bonne crève qui me donne vraiment de la fièvre. Ce samedi soir, une panne d’électricité survient à 18 h 30 : fini la lumière, le chauffage et la cuisinière. Il fait -16 °C dehors.

             J’apprends que l’électricité devrait être rétablie vers 23 h 30. Je me fais à bouffer dans le noir, à la frontale, avec mon réchaud de camping, fais un feu dans le poêle à bois et monte finalement me coucher avec deux couvertures supplémentaires, une aspirine et un bonnet. Quelle soirée. Vers 6 h du matin, j’ouvre un œil en me disant que là quand même - vraiment - j’ai froid. Le réveil posé sur la commode est toujours éteint : l’électricité n’est pas revenue. Par curiosité, j’installe un thermomètre dans ma chambre. Tout s’éclaire (dans le noir) : il fait -1°C dans ma piaule ! Cette panne du samedi soir a finalement duré 24 heures et n’a pas amélioré ma fièvre : « Saturday Night Fever » !

           J’entrevois déjà les commentaires et les réactions : « la Frenchie qui vient au Canada, qui ne sait pas que l’hiver est long, froid et rigoureux, elle aurait dû choisir un PVT Australie », etc. Je suis heureuse d’avoir vécu, expérimenté cette saison ici, au Canada. Ce n’est pas pour autant que je l’ai aimée. Comme beaucoup sûrement, j’ai hâte de voir des bourgeons, de jolies petites fleurs colorées percer le sol et des petits oiseaux bien plumés chanter le retour du printemps du haut de leur branche.

          Mais je ne regrette pas ce temps passé ici ; ces cinq mois m’auront permis de comprendre un peu mieux la culture, les traditions et l’identité acadiennes, ainsi que le fonctionnement d’une petite communauté. Je ne m’étonne plus d’être invitée à souper (oui, souper, le soir) à 15 h, de manger de l’orignal, d’être l’objet d’une rumeur tenace selon laquelle je serais en couple avec quelqu’un du village. Les gossips ici, c’est comme la neige : ça colle et c’est durable (et à la longue, c’est tannant). Les paroles de la chanson « La rumeur » me sont d’ailleurs souvent revenues en tête :

« C'est bien plus fort qu'un mensonge, ça grossit comme une éponge
Plus c'est faux, plus c'est vrai, plus c'est gros et plus ça plaît
Calomnie, plus on nie, plus elle enfle se réjouit
Démentir, protester, c'est encore la propager ».

La baie d'Aspy vue de l'Alternative Scenic Road

© Anne Deverre

© Anne Deverre

L'église de Chéticamp veille sur le havre gelé

© Anne Deverre

Un samedi soir dans le canapé du salon...

Une panne d'électricité sévit depuis plusieurs heures : fini le chauffage, il fait -16°C dehors.

© Anne Deverre

© Anne Deverre

Le havre prend alors cette couleur merveilleuse...

© Anne Deverre

© Anne Deverre

© Anne Deverre

© Anne Deverre

© Anne Deverre

© Anne Deverre

Belvédère situé au début du parc des Hautes-Terres du Cap Breton

White Point : un petit air des Caraïbes, les palmiers et la chaleur en moins !

Le genre de décor que dévoile la merveilleuse Alternative Scenic Road !

En descendant vers le village de White Point - Alternative Scenic Road

Plage de Meat Cove, une vraie épée de Damoclès !

Plage de Meat Cove, un glaçon grandeur nature...

© Anne Deverre

1 mètre de neige devant ma porte...

© Anne Deverre

Il peut aussi faire beau à Chéticamp ! Et ça change tout !

Déneiger la déneigeuse : un comble !

© Anne Deverre

© Anne Deverre

Belvédère situé peu avant Meat Cove... Vue plongeante sur la "mer" !

Meat Cove, l'un des spots les plus au nord de la Nouvelle-Écosse !

© Anne Deverre

© Anne Deverre

L'immense plage d'Inverness déroule son tapis de sable enneigé

Chaud pour une baignade, quelqu'un ??

© Anne Deverre

© Anne Deverre

Église de Strathlorne, côte ouest du Cap Breton

Cimetière de l'église de Strathlorne, côte ouest du Cap Breton

Belvédère offrant une vue plongeante sur Pleasant Bay

© Anne Deverre

© Anne Deverre

Les panneaux de Parcs Canada vous apprennent plein de choses... ou pas !

© Anne Deverre

Cette photo de la plage de Petit-Etang (Chéticamp) est bien en couleur !

© Anne Deverre

© Anne Deverre

Impossible de s'habituer au coucher du soleil vu de chez moi...

bottom of page