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                    À la troisième et dernière ronde, après une ultime goutte de sueur aux tempes et le doigt tremblant sur la souris, bingo : un NSM (Numéro de Suivi Mondial) est apparu à l’écran. En un clic et deux secondes, ma vie venait d’être chamboulée. Elle prenait une tout autre direction, à laquelle je ne m’attendais pas. Je crois que j’ai chancelé, vacillé sur ma chaise. Pleuré et ri en même temps aussi. Tenter d’obtenir un PVT, c’était pour moi comme jouer au loto : on joue en sachant que l’on va perdre, on joue par acquis de conscience, pour se dire qu’au moins, on aura essayé. C’était le 21 avril 2015 : un « séisme » de plus !

                  UN PVT AU CANADA ! Quatre mots magiques qui en font rêver plus d’un... Jamais je n’aurais imaginé faire partie des 6 400 heureux élus, cuvée 2015.

 

                    L’année dernière encore, pour obtenir le précieux sésame, il fallait se connecter au jour et à l’heure fixée par l’Ambassade et être parmi les premiers à cliquer sur « PVT ». Etant donné qu’on était sans doute 10, 20, ou 30 000 – que sais-je - à cliquer sur le même lien à la même (nano)seconde, mon ordi a ramé trois quarts d’heure lors des première et deuxième rondes ; les places, elles, se sont envolées en deux minutes.

 

 

                   

 

Le parc Jean-Drapeau, sur l'île Sainte-Hélène

              

 

 

                    Dès lors, j’ai déjà envie d’y être. Je me projette, je m’imagine... Je suis allée deux fois au Québec et une fois en camping dans les Rocheuses, pour les vacances. Mais là, c’est autre chose. C’est une expatriation de deux ans depuis cette année.

 

            Je regarde autour de moi : mes meubles, ma bibliothèque, mon petit studio, mes plantes, mon confort, et mes proches, ma famille, mes amis... Je vais devoir tout abandonner ? Sans même savoir ce qui m’attend là-bas ? C’est déroutant.... En visualisant tout ce que j’ai à faire, je flippe. La perspective de ce qui m’attend me fige, et je passe des heures les yeux dans le vague. C’était tellement facile de « dire » que j’avais envie d’avoir un PVT, de partir au Canada, mais je n’avais pas mesuré à quel point il était si difficile de « faire » ! Le fossé entre les belles paroles et les actes concrets est profond.

              Mais bien vite, je réalise que c’est l’occasion de faire du vide, de ranger, de trier, de jeter, de donner. Je liste l’ensemble des démarches à faire : les impôts, Pôle Emploi, la banque, les assurances, le préavis de mon studio, mon auto-entreprise, résilier différentes choses, faire mes cartons, déménager, prendre mon billet et donc décider d’une date de départ, choisir où atterrir, trouver où loger, faire mes valises... Ces trois derniers mois n’ont vraiment pas été de tout repos et, disons-le clairement, ont été chiants. Je lis souvent sur des forums que beaucoup de futurs ou imminents PVTistes angoissent à mort à l’idée de partir. Me voilà rassurée : je ne suis pas la seule à dormir les yeux ouverts.

              Mais bon, tout est question d’organisation, d’anticipation, de préparation... Que des gros mots, pour moi ! Il faut aussi gérer la quantité de contacts que l’on me donne. C’est incroyable : quand tu dis que tu vas au Canada, tout le monde connaît au moins « une personne qui s’est installée là-bas et qui n’a aucune envie de rentrer en France ». J’ai une liste longue comme le bras de personnes à contacter « de la part de » ; si je devais honorer chaque contact, j’y passerais presque mes deux ans de PVT ! Mais j’apprécie la démarche des gens de vouloir systématiquement aider.

Alors, voici les démarches que j’ai eu à faire :

Les impôts

Je suis allée trois fois aux impôts, pour entendre trois sons de cloche différents concernant la déclaration 2016 pour 2015, et celles qui suivront. Les impôts n’ont pas l’air d’aimer beaucoup ceux qui n’ont pas d’adresse fixe à l’étranger, les itinérants, les nomades, les voyageurs au long cours, ceux qui vivent dans un van... J’ai donc signalé mon changement d’adresse en indiquant celle de mes parents, et je leur ai fait une procuration en cas de problème...

Pôle Emploi

Se désinscrire de Pôle Emploi n’est pas la démarche la plus difficile ! Il suffit, en fin de mois, de ne pas s’actualiser... et Pôle Emploi nous rayera de sa liste. Attention si vous avez encore des droits ! Vous pouvez demander de les « geler » le temps de votre PVT pour les retrouver à votre retour...

© Anne Deverre

Rue Saint-Denis, quartier Jean-Talon

L'assurance pour le PVT Canada

Ni une ni deux, je souscris à ACS / Globe PVT, recommandée par le site PVTistes.net, donc valeur sûre.

Décider d’une date de départ

Là, ça n’a pas été évident ! Partir en plein hiver canadien me faisait un peu peur... Je n’ai jamais été au-delà de -15°C et j’appréhendais un peu d’avoir des stalactites sous les ongles en à peine deux jours. J’ai jeté mon dévolu sur le lundi 29 février, date improbable qui ne survient que tous les quatre ans. Un symbole... un peu idiot, certes, mais je trouvais ça classe de pouvoir dire : « J’ai commencé mon PVT un 29 février... ».

Choisir où commencer mon PVT

J’ai choisi d’atterrir à Montréal, pour pouvoir faire mes premières démarches en français et m’acclimater progressivement. De plus, avec tous les contacts qu’on m’a filés dans cette ville, je ne risquais pas d’être dépaysée...

Choisir la compagnie aérienne

Grâce au concours "reporter" organisé par le site PVTistes.net, j'ai remporté mon billet d'avion avec Air Transat et tant mieux, car je peux ainsi bénéficier de l’offre PVTistes de 17 kilos de bagages supplémentaires. Croyez-moi, ça n’était pas du luxe. Malgré les 40 kilos autorisés au total, j’ai réussi à avoir un excédent... Et oui ! Prendre mes habits d’hiver, d’été, de camping, mon caméscope, ma caméra, mon pied de caméra, mes accessoires caméra... tout cela fait très vite grimper le compteur ! D’autant qu’en dehors de mes deux bagages autorisés en soute, j’avais deux autres petits sacs à enregistrer. Sachez donc que, sur cette compagnie, les bagages supplémentaires à enregistrer en soute sont payants « à la pièce » et non « au poids » ; il est donc plus économique de tout regrouper dans un gros sac et d’enregistrer celui-ci.

Trouver où loger

J’ai paré au plus simple et au plus rapide. Un ami d’amie m’a envoyé un message Facebook, me disant que si je cherchais une coloc’ sur Montréal, il avait une chambre de dispo. Banco, tope-là, c’est parfait je prends ! Peu importe le prix, le quartier, la taille de la chambre... J’ai un pied à terre, et ça, ça compte déjà beaucoup. Il se trouve qu’en plus, au final, mon coloc’ est un amour.

Parc Jean-Drapeau, sur l'île Sainte-Hélène

Mon assurance véhicule

J’ai demandé à mon assurance une « attestation établissant ma qualité de conducteur assuré pendant les années concernées et précisant l'absence ou la présence de sinistres responsables ». Cette attestation pourra toujours servir au moment d’assurer mon futur véhicule au Canada. Pensez-y !

 

Le préavis de mon studio

Étant en location meublée, j’avais un mois de préavis. Si vous êtes en location non meublée, vous avez trois mois de préavis !

 

EDF

Lors de l'état des lieux, il faut bien penser à faire un relevé des compteurs EDF. Vu que je quittais un logement sans en prendre un nouveau (donc sans souscrire un nouveau contrat), j’ai dû appeler ce numéro-ci : 09 69 32 15 15. On peut ainsi leur communiquer les relevés de compteur pour empêcher toute contestation future.

 

Je vous passe les cartons, le déménagement et les au revoir à la famille et aux amis... Horrible.

Et le jour J...

C’est curieux comme impression : je redoutais tant la date fatidique du départ et voilà que je la vois aussi comme une délivrance : finie cette période pénible de démarches, d’adieux, de poussière et de cartons ! Les au revoir à l’aéroport m’ont déchiré le cœur ; jamais je n’aurais imaginé voir mes parents, les larmes aux yeux, essayant de me dire dans un sourire : « Sois heureuse ! ». Petit craquage complet en solitaire avant l’embarquement... en expérimentant un nouveau concept : la « tristress » !

L'arrivée

Le vol s’est très bien passé. Huit heures plus tard et six heures plus tôt, me voici arrivée à Montréal, un peu K.O. de fatigue quand même. Après avoir sans souci récupéré mes bagages, je prends un taxi, direction ma colocation. Il est 14 h, mon coloc’ travaille et m’a laissé les clés de chez lui dans la boîte aux lettres, située à l’extérieur... On ne s’était vus qu’une seule fois, et cette marque de confiance me touche. Bienvenue au Canada...

Le mot de la fin...

Une dernière chose : si partir en PVT vous effraie, si vous ne vous sentez pas capable de tout quitter, de tout gérer, si globalement ça vous dépasse... perso, je m’en suis sortie... Et si je m’en suis tirée, alors vraiment, c’est que c’est accessible à tous ! Parole d’une angoissée désorganisée !

Premier achat de circonstance : un manteau allant jusqu'à -30°C !                                   

Montréal vu depuis l'Oratoire Saint-Joseph-du-Mont-Royal

© Anne Deverre

© Anne Deverre

© Anne Deverre

© Anne Deverre

© Anne Deverre

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