Parlez-vous acadien ?
À Chéticamp, on parle français.
Enfin... français et anglais.
Ou plutôt français acadien et anglais : un langage totalement inédit pour moi qui a conduit à des confusions parfois... à des fous rires souvent !
L’acadien, c’est un drôle de mélange entre le vieux français (des siècles passés) et l’anglais moderne. Le principe ? Prenez des mots anglais et utilisez-les dans une phrase française en ayant pris soin de les conjuguer d’abord à la sauce frenchy.
Exemples :
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Tu vas aller dans le centre du village avec ton camion que tu as ciré et chargé ? Tu vas donc dire : « J’vas prendre une drive downtown avec mon truck waxé et loadé ».
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Tu veux rentrer chez toi regarder ton émission préférée à la télévision ? Ça devient : « J’m’en vas back home pour watcher ma show on tivi ».
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Marre d’être au téléphone et tu veux raccrocher ? Tu vas donc « hanger up » !
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Tu ne supportes pas Céline Dion ? Ok. « Tu ne peux pas la stander ni la watcher ».
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Quand tu te renseignes sur l’installation d’une tringle à rideaux à ta fenêtre, on te conseille très gentiment : « Si tu mets une curtain rod qui spring, tes rideaux slideraient. C'est ça que ça te prend, right ? »
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Et suivez les conseils de celui qui vous dira de « Cha to clear des gens qu’ont l’flu » et évitez d’approcher des gens qui ont la grippe.
Parfois, on sent qu’ils traduisent littéralement de l’anglais vers le français : on te parle d’un avocat pour qui Kathleen travaillait ? Tu vas entendre : « Le lawyer que Kathleen travaillait pour »... « Qu’est-ce que je cherche pour ? » quand tu te demandes « what you are looking for? ». Quand le « pouvoir ne travaille pas », c’est que le « power doesn’t work » et qu’il n’y a pas d’électricité !
Jusque-là, c’est franchement drôle.
Mais quand ces phrases-là sont en plus ponctuées de viiiiiiieux mots français, ça commence à être un régal. Pardon : ça starte à devenir comique.
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Quand j’avais laissé brûler mon repas et que la cuisine était toute enfumée, on m’a dit d’ouvrir mes châssis pour faire partir la boucane.
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On m’a lancé un « Amarre tes bottes ! » pour que je fasse mes lacets.
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En entrant dans une église, sachez qu’on se découvre et qu’on voûte son casque !
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Vous avez fait une lessive et il faut accrocher le linge ? Vous avez « du butin à mettre sur la ligne ».
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Quand on cherche le bouchon ou le couvercle de quelque chose, on cherche le « faîte » ! Le « faîte de la salière ».
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Mesdames, ne mettez pas votre poing dans la gueule de celui qui vous dira : « Haaa, voilà la p’tite chienne ! Comment elle va, ma p’tite chienne ? » C’est paraît-il un compliment très affectueux
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Et ne vous étonnez pas d’entendre des piliers de bar parler parfois au passé simple.
Des conversations comme celle ci-dessous, j’en ai presque tous les jours :
« Ça t’prendrait un CHÔ icitte », m’a-t-on dit.
- Un show ?
- Non, un CHÔ.
- Un show on TV ??
- Non, un CHÔ !
- Chaud ? Un radiateur ? Pourquoi, t’as froid ?
- Un CHÔ ! Tu sais pas c’que c’est qu’un CHÔ ?!
- .....
- Un CHÔ ! Pour attraper ta souris !
- Putain, un chat !
- Ben oui, un CHÔ !
Bienvenue chez les cht’acadiens !
C’est la pure vérité ! J’vous conte pas d’menteries asteur !
Allez, moi, j’vas aller driver downtown pour faire ma grocery avant qu’la shop fût barrée.